L'atlas Mnemosyne d'Aby Warburg – l'absorption des valeurs expressives du passé
L’Atlas de Mnémosyne est un atlas figuratif composé d’une série de planches. Chaque planche est composée d’un montage d’œuvres d’art de la Renaissance, de l’Antiquité (œuvres d’art, cartes, trouvailles archéologiques …) et du XXe siècle (journaux, timbres …).
Le « Bilderatlas » utilise des milliers d’images dans la mesure où elles peuvent fournir une manière immédiate pour «parler le monde», pour véhiculer, à travers leur énergie et leur évocation primordiales, la tradition culturelle et la mémoire sociale. Les images sont mises en relation de manière à tisser plusieurs thèmes autour d’un élément central, et inciter le spectateur à un processus d’interprétation: «le mot vers l’image» (zum Bild das Wort). En ce sens, l’Atlas fonctionne comme une machine qui illustre les mécanismes de la tradition, les thèmes et les chiffres du passé à aujourd’hui. Toute la gamme des mouvements émotionnels (agression, défense, sacrifice, deuil, mélancolie, extase, triomphe, etc.) s’exprime à travers le renouveau des mouvements, gestes et postures, c’est-à-dire le Pathosformeln – formules expressives d’émotions prises directement des modèles anciens, ou réapparaissant comme des traces mnémoniques (engramme) dans les œuvres successives.
L’Atlas est restée inachevé en raison de la mort de Warburg. La « Daedalus Version » (première édition de la « version Letzte » de 63 planches) est tombée dans l’oubli et n’a été redécouverte que récemment, avec le travail de philosophes et d’historiens de l’art tels que Georges Didi-Huberman (dont Atlas – Comment porter le monde sur son dos ?, présentée successivement à Madrid, Karlsruhe et Hambourg et Nouvelles Histoires de fantômes, Palais de Tokyo, Paris, 2014 sont des héritiers direct des plaques de Warburg) ou de la » Rivista di Engramma » qui a organisé une exposition de l’Atlas Mnémosyne à Venise en 2004.
Pour voir les reproductions en ligne de la « Rivista di Engramma » c’est par ici.


le texte de Warburg, The Absorption of the Expressive Values of the Past est à lire en ligne ici
Abstract:
This key text offers the most extensive outline of Aby Warburg’s speculations about social memory, the origin of artistic expression and the psychological energies driving the history of European culture from classical antiquity onwards. According to Warburg, the conficting responses to the legacy of classical antiquity directly informed the styles of the visual arts, from the realism of Netherlandish art to the heroic forms of the Italian Renaissance. Warburg’s theory of culture engages with Nietzsche’s ideas on classical antiquity, its legacy and the meaning of the Dionysus–Apollo duality.
A lire aussi le compte rendu sur du livre de Didi-Huberman, L’image survivante: histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg